500 fois : c’est approximativement le nombre de fois qu’une femme a ses règles dans une vie. Un phénomène biologique bien banal, qui indique que l’endomètre, paroi de l’utérus, se désagrège faute de fécondation. Très attendues ou redoutées, affublées de multiples surnoms, signes de douleur, indicateur de fécondité, abondantes ou ténues, les menstruations marquent le cycle menstruel des femmes une fois par mois, et leurs manifestations sont aussi variées que les femmes elles-mêmes !
Pourtant, cette période est source de nombreux fantasmes, mythes et préjugés. Dans les trois religions monothéistes (chrétienne, juive et musulmane), la femme en période de menstrues est impure, elle est reléguée au ban de la société. Les croyances populaires attribuent des pouvoirs magiques, et même maléfiques, au sang menstruel : il fertiliserait les jardins, ferait des enfants roux, enragerait les chiens et ferait tourner les aliments. Et bien sûr, les femmes en période de menstrues seraient caractérielles, odieuses et inconstantes.
Les règles sont considérées comme « une affaire de bonnes femmes ». Un sujet tabou devant les hommes, pour ne pas les incommoder. Les marques de « protections » (le mot n’est pas anodin) hygiéniques ne sont pas pas en reste quand il s’agit d’alimenter ces représentations : elles proposent aux femmes de les « protéger » de l’infâmie sociale que sont l’odeur supposée des règles et la tâche de sang accidentelle. Ce faisant, elles ne font que renforcer une image des femmes négative.
Paradoxalement, les règles sont aussi un symbole positif, de vie : historiquement, elles jouaient un rôle de marqueur du passage à l’âge adulte. Une femme réglée était en âge de se marier puisqu’elle pouvait donner un héritier à son époux. Elle trouvait ainsi son rôle et sa fonction sociale, grâce à l’arrivée de ses menstrues. Autant une femme qui a ses règles doit le cacher, autant une femme qui ne les a pas est considérée comme une paria, puisqu’incapable d’enfanter. Il est intéressant de noter que le patriarcat utilise les règles à la fois pour valoriser le rôle de génitrice des femmes et également pour les cantonner à un rôle secondaire dans la vie de la cité.
Les représentations négatives des règles ont des conséquences importantes sur les modes de vie des filles et des femmes, leurs choix, leurs libertés, leur mobilité, leur confiance en elles. Le fait que les règles soient souvent synonymes d’impureté, d’inconstance, de souillure, de faiblesse, rejaillit sur les représentations des femmes d’elles-mêmes. Elles s’identifient à cette image négative de leur corps et de leur vagin.
Cela a également un impact grave sur l’accès des femmes au pouvoir et aux responsabilités. Ainsi, comment faire confiance à une femme pour prendre de hautes fonctions professionnelles, politiques, financières, ou autres, si cinq jours par mois elle devient déraisonnable du fait de ses menstrues ? Les stéréotypes sexistes autour des règles renforcent les inégalités, en faisant des femmes des écervelées dominées par leurs hormones.
Pour stopper les clichés sur les règles, Osez le féminisme ! s’engage à faire toute la lumière sur ce phénomène physiologique parfaitement normal, sans tabou ni complexes. Faisons en sorte que les femmes ne souffrent plus, ni de douleurs, ni de gène, ni de honte, avec tous les moyens dont elles disposent aujourd’hui, qu’elles puisent choisir la meilleure manière pour chacune de les vivre, y compris de … ne plus les avoir du tout !
Bref, les vivre “sang” tabou…